Le témoignage d’Arnaud

Quand j’ai appris que Gaël était atteint d’une leucémie, je n’ai pas compris de suite, je ne faisais pas le rapprochement entre leucémie=cancer donc leucémie=grave. Il faut dire que je n’en avais jamais entendu parler avant et le message que m’avait envoyé Gaël pour m’apprendre cette terrible nouvelle avait tout pour me rassurer. Je n’oublierai jamais ce texto : «Salut le nain, je suis à l’hôpital, j’ai une leucémie mais ne t’inquiète pas c’est pas trop grave. Ciao, Gaël.»

J’ai commencé à rendre visite à Gaël environ une fois par semaine : le mercredi le plus souvent car je n’avais pas cours. Au début de mes visites, je ne me rendais pas compte que Gaël était si malade. Quand je le retrouvais, il me paraissait en pleine forme avec toujours le même humour et la même joie de vivre. Nous passions nos après midi à bavarder et à jouer aux jeux vidéo. Puis au fur et à mesure de mes visites, la maladie a commencé à «être visible à l’oeil nu.».
Gaël paraissait plus maigre, lui qui était si costaud avant son entrée à l’hôpital, et surtout la chimiothérapie avait provoqué la chute de ses cheveux. C’est le jour où je l’ai vu pour la première fois ainsi que j’ai réellement compris la gravité de cette maladie, c’est ce jour-là que j’ai commencé à avoir peur pour mon ami. Je ne connaissais rien de cette maladie, seulement ce que je voyais dans les films et qui n’avait rien pour me rassurer. Je me posais tellement de questions à son sujet : allait-il s’en sortir ? Allais-je le perdre ou serait-il dehors dans quelques mois ? Et Gaël me répondait à chacune de visites, indirectement bien sûr, car nous n’abordions jamais ce sujet, mais il voulait se battre, il n’avait pas peur et c’était à ses yeux une évidence qu’il serait bientôt guéri. Alors à mon tour, à chaque sortie du bâtiment « Dieulafoy » j’avais plein d’espoirs et je sentais qu’il s’en sortirait. Gaël était entouré, sa famille ne le quittait jamais et je venais souvent lui rendre visite. Il disposait de jeux vidéo, de DVD, de livres, de CD ce qui certainement l’a beaucoup aidé dans son combat. Une demie journée passée dans un hôpital est déjà très difficile pour des jeunes comme nous, Gaël y est resté 15 mois. D’autres malades ne disposaient d’aucun matériel pour se divertir et passaient leur journée à marcher dans les couloirs et à regarder la télé. C’est pour ces malades que l’association G.A.E.L. a été créée pour aider les adolescents atteints de leucémie à mieux vivre leur hospitalisation. Nous ne nous rendons pas compte, nous qui sommes à l’extérieur, à quel point c’est difficile de supporter non seulement cette maladie mais aussi l’enfermement entre les murs d’un hôpital. C’est très dur pour un adolescent ! Nous devons les aider, le moindre petit évènement qui les sort de leur quotidien leur fait le plus grand bien. Je n’oublierai jamais une journée en particulier passée avec Gaël.

Ma mère et moi avions contacté la famille de Laurent Jalabert afin de savoir s’il accepterait de rendre visite à mon ami. Laurent a très gentiment accepté. A notre arrivée à l’hôpital, j’ai simplement dit à Gaël « je t’amène un copain. » A la vue du champion cycliste (son chouchou) Gaël m’a serré dans ses bras et s’est mis à pleurer. Je ne peux expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment là, sinon une très grande émotion où se mêlaient le chagrin de voir mon ami malade et la joie d’avoir pu lui apporter un de peu bonheur à un moment où il allait très mal. Je ne remercierai jamais assez Laurent pour cela.

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Aujourd’hui mon meilleur ami n’est plus là. Après des jours d’immense tristesse et de colère, j’ai décidé de le faire vivre à ma façon à travers l’association. Je pense que pour être vraiment sensible à cette démarche, il faut avoir vécu l’hospitalisation d’un proche.

Malgré tout, j’espère que vous serez de plus en plus nombreux à nous soutenir pour que tous les jeunes de notre âge atteints de leucémie puissent « accepter » plus facilement leurs séjours prolongés dans les hôpitaux. Ne soyons plus égoïstes, aidons les à mieux supporter cette maladie. Ainsi Gaël ne sera pas parti en vain.

Arnaud